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Los Angeles : une police prédictive veut anticiper les crimes liés aux gangs

Financée par le Pentagone, l’étude menée actuellement pourrait aboutir sur la mise en service d’une police prédictive à haut potentielle.

À la fin des années 2000, un professeur d’anthropologie à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) du nom de Jeff Brantingham décide de se lancer dans une recherche censée théoriser les mécanismes menant aux crimes. Quelques années plus tard, l’homme met au point une technologie de pointe baptisée PredPol, une police prédictive capable d’anticiper les crimes. En 2015, Brantingham indique : « Au départ, il s’agissait d’une recherche universitaire. Je voulais travailler sur les ‘mathématiques du crime’ à l’échelle d’une ville – voir si l’on pouvait déterminer les lieux où la majorité des infractions allaient se produire durant les heures à venir. Et ensuite, calculer comment ces ‘points chauds’ bougent et se modifient ». Sur un marché balbutiant, PredPol devient rapidement l’un des leaders de la prédiction de la criminalité. Néanmoins, cela n’a pas empêché plusieurs activistes de dénoncer l’entrave faite aux libertés civiles, arguant également du fait que la technologie menait directement vers des méthodes discriminatoires et inefficaces. Un article écrit en 2013 par The Economist mentionne également que les zones de surveillance indiquées par le logiciel mènent toujours les policiers vers des quartiers aisés, plus enclins à appeler la police. À l’inverse, les quartiers pauvres, où la criminalité est pourtant monnaie courante, ne seraient que très peu ciblée par le système.

Une subvention de 1,2 millions de dollars

De fait, The Verge a publié un rapport dans lequel il indique que Jeff Brantingham adapterait son approche du crime à un autre secteur : la classification des crimes « liée au gang ». Soutenue financièrement par le Pentagone, la nouvelle recherche vise à automatiser cette classification afin de fournir ces données à la police de Los Angeles. Le financement du projet du professeur Brantingham s’inscrit dans la lignée de l’initiative Minerva, un programme du Pentagone qui souhaite améliorer la compréhension, par les militaires, des facteurs sociaux, politiques et comportementaux des conflits. Le montant de la subvention, répartie sur trois ans, est établi à 1,2 million de dollars.

Si le fait de considérer un individu comme appartenant à un gang annonce également des peines plus lourdes, la catégorisation est actuellement difficile à effectuer. Elle est aussi subjective et individualisée selon les antécédents des citoyens, là où une technologie de pointe pourrait permettre d’automatiser le processus. Selon un récent article publié par les chercheurs, le nouveau système tenterait de prévoir si les crimes sont liés à un gang ou non. Pour automatiser la démarche, un réseau neuronal classifie les informations selon quatre caractéristiques majeures : le nombre de suspects, l’arme principale utilisée, le type de lieu où le crime a eu lieu et la description narrative du crime. Pour se faire, la technologie mêle les données issues de la carte des gangs réalisée par la police avec les données criminelles, également fournies par la police.

Le média américain précise que la description narrative du crime est la donnée la plus longue à recueillir par la police. Dans le cas où une description écrite manquerait, le réseau neuronal se charge de générer un texte basé sur les trois autres caractéristiques principales d’analyse. Le texte est ensuite incorporé dans la prédiction finale à la façon d’un « rapport de crime écrit algorithmiquement ».

Durant des années, l’entreprise PredPol a largement été accusée de manquer de richesses et de profondeur, menant plusieurs activistes à s’opposer au projet de la compagnie. La nouvelle recherche de Brantingham tend à démontrer que celui-ci n’a pas pris les critiques en compte lors de la mise en place des fondations de son nouveau projet.

Pour rappel, l’entreprise Palantir avait également fait parler d’elle il y a quelques mois lorsque The Verge avait publié une enquête indiquant qu’une police prédictive avait été mise en place à La Nouvelle-Orléans.

Les élus et les citoyens de la ville n’étaient pas au courant des activités de la société privée et de la police.

Palantir a secrètement mis en place un programme de prédiction des crimes à La Nouvelle-Orléans

À propos de l'auteur

Louise Millon

J'aime l'univers des technologies, comme ceux de la littérature, des séries et du surf. Je pense qu'il faut mettre le lait après les céréales.

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