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Un robot de Boston Dynamics
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Pourquoi Alphabet veut réellement se débarrasser de Boston Dynamics

En 2013, Andy Rubin (le créateur d’Android) était encore membre de la direction de Google et avait pris la décision d’acheter Boston Dynamics pour 500 millions de dollars. Le fabricant de robots ultra-intelligents a alors rapidement évolué jusqu’à réussir à créer des humanoïdes plutôt incroyables et très prometteurs. Pourtant, on apprend aujourd’hui qu’Alphabet souhaite revendre l’entreprise… Mais pourquoi ?

La question se pose évidemment : qu’est-ce qui pourrait pousser une firme aussi puissante qu’Alphabet à se débarrasser de l’une de ses filiales les plus avancées en matière d’intelligence artificielle et de robotique ? Pourquoi abandonner un projet qui pourrait devenir un succès économique et innovateur aussi retentissant ?

Officiellement, ce serait une histoire de rentabilité : la holding Alphabet a été créée pour réorganiser et rationaliser les activités de Google, mais surtout pour mieux répartir les risques financiers, et, concrètement, pour mettre l’accent sur les succursales les plus rentables. Or, pour la firme de Mountain View, la rentabilité doit clairement s’inscrire dans un cadre temporel bien précis. Et c’est là qu’intervient l’argument principal tentant de justifier la mise en vente de Boston Dynamics (BD) : son business model ne permettrait de rapporter qu’à long terme. Car aujourd’hui, mis à part les principales injections de fonds d’Alphabet, les comptes de BD sont complètement stagnants. En effet, même si ses robots sont puissants, intelligents et révolutionnaires, ils sont bruyants. Et ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que les robots conçus par la société sont avant tout destinés… À l’armée. Des robots militaires bruyants, pas très pratique. Pour finir, l’entité Replicant créée par Rubin et favorisant la collaboration entre BD et Google n’a semble-t-il jamais vu l’aurore d’une vraie coordination sans tensions entre les deux équipes.

Mais honnêtement, quitte à parler de long terme, pour quand sont prévus les aboutissements définitifs de projets comme la voiture autonome Google Car, les lunettes connectées Google Glass, l’immortalité promise par Calico ou même tous les moonshots développés au sein de Google X ? C’est là le point bancal de la thèse affirmée par Alphabet qui mise énormément sur ces expériences pourtant à l’opposé du point de vue qu’elle expose.

Plus sérieusement, commençons par jeter un œil aux prouesses de l’androïde Atlas mises en ligne publiquement sur YouTube pour mettre en avant les avancées de l’équipe en charge du développement chez Boston Dynamics. Sérieusement, ça envoie du lourd ! La presse tech s’enjaille ! Non, sérieusement ? Sérieusement, ça fait froid dans le dos. Quiconque a vu un bon vieux Terminator ou a croisé une de ses multiples références dans des séries comme Revolution ou The 100 ne pourra s’empêcher de céder un minimum à la psychose du mythe Skynet. Stephen Hawking et Elon Musk les premiers. Cette culture visant à prendre en compte et à maximiser les risques amenés par un développement “trop” poussé des intelligences artificielles -pour mieux les combattre !- est aujourd’hui tellement ancrée dans notre société que des structures à but non lucratif comme OpenAI ont pu voir le jour. Et comme tout le monde le sait, c’est une excellente initiative. De plus, la crise économique participe vivement à ce que les prolétaires s’inquiètent pour l’avenir de leur travail en voyant des machines capables de tout faire à leur place. Voilà pourquoi Atlas a pu faire peur aux 14 millions d’internautes qui ont visionné son show en ligne.

Google a toujours mis un point d’ordre à soigner son image auprès de son public. Et s’il y a une compagnie dans le monde qui a du public, c’est bien Google. Finalement, c’est sur le compte de cette image de marque qu’il faut sûrement mettre l’abandon de Boston Dynamics. Jamais Sundar Pichai ne voudrait voir dégringoler l’action GOOG au NYSE à cause d’un robot tueur, et je dirais même que Larry Page aurait du mal à dormir en sachant qu’il est à l’origine d’un tel drame.

Ce qui est sûr, c’est que cette tentative d’éviction de BD va fonctionner à merveille et profitera à quiconque voudra y mettre le prix. Et un projet aussi avancé devrait en intéresser plus d’un… Amazon (qui s’intéresse déjà aux drones et à la réalité virtuelle) ou encore Toyota (déjà renommé mondialement pour ses robots assistants) seraient les premiers en lice pour un éventuel rachat.

 

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Valentin

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